Olivier Dehaese est élu municipal d’Acigné depuis 2008, et y exerce la fonction de maire depuis 2014. Il s’agit de son deuxième mandat de maire et de vice-président de Rennes Métropole. Après un premier mandat en charge des déchets et de l’énergie, il est désormais responsable du climat et de l’énergie, et président de la commission transition écologique et services urbains.
Les défis en matière de qualité de l’air du point de vue d’une métropole
Le défi majeur à relever est celui de la connaissance. Quels polluants ? En quelle concentration ? Comment évoluent-ils dans l’année ? Quelles sources sont à l’origine de ces polluants? Ces éléments doivent permettre de cibler les politiques publiques prioritaires pour améliorer la qualité de l’air. Les autres défis à relever sont ceux de l’information des habitants et de leur sensibilisation sur ce sujet et, enfin, de notre capacité collective à changer nos comportements.
AQMO, un projet dans la lignée des initiatives déjà portées par Rennes Métropole
AQMO, dont l’objectif est une meilleure connaissance de la qualité de l’air et de l’appropriation de ces données par les citoyens, s’intègre complétement aux politiques publiques de Rennes Métropole en matière d’urbanisme et de qualité de l’air développées à travers différents documents-cadres :
- le PLUi, dont l’OAP « Santé, Climat, Énergie » a pour objectif de « Limiter l’exposition des populations aux pollutions atmosphériques et aux nuisances sonores »,
- le PCAET qui vise une diminution de 40 % des émissions de Gaz à Effet de Serre
- le PDU dont l’objectif principal est de développer massivement les offres alternatives à la voiture solo (Ligne b du métro, 100% de bus propres à horizons 2030, objectif de covoiturage 1 jour/5, le réseau express vélo… ).
AQMO, un complément au Service Public Métropolitain de la Donnée?
Rennes Métropole a commencé en 2018 à mettre en place cette démarche, qui vise à faciliter le partage de données entre acteurs du territoire, qu’il s’agisse des habitants, de chercheurs ou encore d’entreprises privées. Mettre en place un SPMD soulève des questions importantes de gouvernance et de confiance, qui sont aujourd’hui à l’étude dans le cadre du projet européen Rudi.
Le projet AQMO apporte un cas d’étude particulièrement intéressant à la conception du SPMD, puisqu’il combine la collecte de données de capteurs en mobilité et en temps réel, le traitement et l’exploitation de ces données, ainsi que la diffusion des données et des résultats auprès des acteurs qui souhaitent y accéder. Par exemple, nous pourrions ouvrir en « open data » une cartographie synthétique de la modélisation réalisée à partir des données collectées, mais mettre l’ensemble des données brutes à disposition de chercheurs qui en font la demande. Il faudra également étudier la mise en cohérence des données d’AQMO avec les autres données de qualité de l’air collectées sur le territoire : données règlementaires d’AirBreizh, données de capteurs citoyens…
Quelle valeur ajoutée pour une municipalité et ses citoyens?
Une plateforme comme AQMO pourrait être mise à disposition de collectivités ou d’acteurs qui souhaitent mieux connaître la qualité de l’air sur leur territoire. En complément des cartographies existantes, elle pourrait permettre par exemple d’étudier différents scénarios dans le cadre d’opérations d’aménagement, en en modélisant l’impact sur la qualité de l’air.
La question reste de savoir quels pourraient être les utilisateurs de la plateforme. Cela dépendra de sa finalité. Est-ce une plateforme à visée d’expertise ou une plateforme de sensibilisation du grand public?
L’accès direct du grand public à la plateforme n’est peut-être pas la seule solution, et il faut veiller au risque de multiplication des outils, des plateformes et des sources d’information qui peuvent finir par saturer le paysage et le rendre difficilement lisible.
Quoi qu’il en soit, nous savons que les habitants sont sensibles à la question de la qualité de l’air dans leur ville. Nous l’avons notamment constaté à travers le projet Ambassad’air développé par la Ville de Rennes, dont les participants mesurent eux-mêmes la qualité de l’air à l’aide d’un capteur qu’ils peuvent emmener partout avec eux. Les habitants sont soucieux de connaître plus finement la qualité de l’air, en particulier à proximité des crèches et des écoles, et sur leurs trajets quotidiens. Pour cela, nous avons donc besoin d’une donnée plus fine.
AQMO en un mot ? « Coopération », parce qu’AQMO implique la participation de partenaires complémentaires qui forment une chaîne complète : bus, capteur, modélisation, analyse des données, mise à disposition…
Le mot de la fin
L’approche de Rennes Métropole sur ces questions est de chercher à améliorer la vie des habitants en rendant des services performants et utiles, respectueux à la fois des valeurs du service public et des enjeux climatiques. Il ne s’agit pas d’entrer dans une course à l’équipement technologique.
Il est important d’avoir une réflexion globale par exemple sur la gestion de la donnée et l’inclusion numérique, de manière à créer une ville plus intelligente qui n’exclut personne.
À l’image du projet AQMO, qui embarque des acteurs très variés et complémentaires (chercheurs, acteurs privés, délégataire de service public, ASQA, métropole), la smart city doit pouvoir faciliter le dialogue et la collaboration au sein de son écosystème pour soutenir des projets d’intérêt général.