Rennes. Des capteurs sur les bus pour traquer la pollution

Rennes. Des capteurs sur les bus pour traquer la pollution

Dans son labo sur le campus de Beaulieu, à Rennes, François Bodin met au point des capteurs mobiles qui seront installés l’an prochain sur les bus du réseau Star. Ils permettront de mieux comprendre comment les polluants se dispersent.

François Bodin, chercheur à l’Institut de recherche en informatique et systèmes aléatoires (Irisa), travaille depuis plusieurs années sur les capteurs mobiles installés sur des véhicules ou des drones. Des recherches menées avec le soutien de la Fondation Rennes 1, dans le cadre de la chaire « Mobilité dans une ville durable ».

Une des applications les plus concrètes va être l’installation de capteurs sur toits des bus du réseau Star pour mesurer notamment la qualité de l’air. Les premiers tests sont prévus courant 2019.  « Actuellement, il existe une dizaine de capteurs fixes à Rennes, gérés par Air Breizh, décrit François Bodin. Pour aller plus loin, on aurait pu imaginer d’installer des petits capteurs partout, mais avec le risque d’avoir des mesures de mauvaise qualité. »

Des capteurs jusqu’au super-calculateur

Le pari est, au contraire, d’installer des capteurs mobiles  « certains à l’intérieur des bus, d’autres à l’extérieur, afin de recueillir un maximum de données pour comprendre comment les polluants se dispersent » . Simple en apparence. En réalité, le projet est complexe car il faudra ensuite traiter les données recueillies grâce à une modélisation numérique.

« Une grosse puissance de calcul est nécessaire. Un jour de simulation, c’est l’équivalent de 30 000 heures de travail pour un PC classique. Du coup, on va faire appel au super-calculateur de l’Institut du développement et des ressources en informatique scientifique (Idris), au NRS, à Orsay, en région parisienne », explique François Bodin, entouré de toute une équipe sur le campus de Beaulieu.

Mettre les données à disposition des citoyens

L’objectif de ce projet, dénommé AQMO, va être de mettre ces données à disposition des citoyens et des décideurs pour améliorer la qualité de vie. Comment ? En les partageant sur le Service métropolitain public de la donnée. Lancé début 2018, ce nouveau service vise à collecter et partager des données d’intérêt général qui permettront de faire émerger de nouveaux services ou applications.

Quatre thématiques sont privilégiées : l’énergie, les mobilités, l’eau et les données sociodémographiques. François Bodin peut compter sur le soutien d’Air Breizh, Rennes métropole, Kéolis et l’université Rennes 1. « Il y a un terrain favorable à Rennes, souligne le chercheur.  Nous n’avons pas eu besoin de convaincre la métropole de l’intérêt de nos recherches. Et Kéolis est très ouvert à l’innovation. »

D’autres applications à l’avenir

Au-delà de la qualité de l’air, ces capteurs installés sur les bus pourront servir à d’autres applications : analyser le bruit ambiant, mieux comprendre les phénomènes de congestion du trafic urbain, assurer une maintenance plus efficace des bus, etc. Les possibilités sont vastes, surtout avec un réseau qui comprend 149 lignes dans la métropole et un parc de 470 bus.

Article initialement publié par Olivier BERREZAI dans Ouest-France.